"Il y a longtemps, les caribous étaient rares. Mon père m'a raconté que
lorsque les températures se radoucissaient et que le temps était venu pour les
caribous de remonter vers la toundra, les siens fabriquaient une clôture [sur
la glace]. C'est difficile de couper autant d'arbres, mais ils y arrivaient.
Lorsque les caribous commençaient à arriver, les hommes attendaient toute la
nuit le long des pistes. Lorsque les caribous s'engageaient sur le lac, et dès
qu'ils passaient près de la clôture, les hommes imitaient le hurlement des loups.
Les caribous étaient effrayés, parce qu'ils se croyaient pourchassés par les
loups...
Il y avait des ouvertures dans la clôture et c'est là qu'on tendait les collets.
Lorsqu'un caribou était pris, celui qui le suivait cherchait une autre ouverture
et se faisait prendre à son tour.
Entre les arbres sur la glace, on accrochait un morceau de tissu à un bâton
qu'on plantait de façon à ce que le tissu s'agite au vent. Les caribous ne traversaient
pas la clôture parce qu'ils étaient effrayés par les morceaux de tissu qui bougeaient.
Les seules ouvertures sont celles où sont tendus les collets, m'a dit mon père."
Romie Wetrade, le 3 mars 1992.